Cette année 2020, dont on se souviendra à plus d’un titre, a été fêté le 150ème anniversaire de la guerre de 1870, déclarée par la France à la Prusse … guerre que nous avons perdue, avec l’Alsace et la Lorraine!
« Cette guerre de près de 6 mois a marqué profondément les populations : mobilisation massive, invasion du territoire, bombardements intensifs, villes assiégées, déroute d’armées entières, et prisonniers par dizaines de milliers » (Jérôme Malhache).
Et qui dit guerre, dit aussi soldats blessés, disparus, morts au champ d’honneur. Si les soldats tombés au cours des conflits de 1914-1918 et 1939-1945 ont leur nom sur un monument aux morts, par contre ceux qui ont donné leur vie au cours des conflits antérieurs n’y ont pas eu droit et de ce fait sont totalement oubliés, et puis 1870 c’est loin !
C’est donc à ces valeureux enfants de la commune de Saint Aubin des Bois que nous allons nous intéresser afin de corriger cette injustice. Et puis nous aurons le témoignage du maire de la commune à l’époque relatant les faits qui se sont déroulés chez nous.
Ils avaient pour nom COLLET Désiré Appolinaire, CULLERON Joseph Elie, EVEZARD François Eugène Elie et MAUPERTUIS Adonis Laurent.
COLLET Désiré Appollinaire (16 mars 1844 – 8 juillet 1871)
Transcription de l’acte de décès de COLLET Désiré Appolinaire, 8 juillet 1871, célibataire, 27 ans.
« L’an mil huit cent soixante onze, le seize septembre, à trois heures du soir, nous Marie Alexandre Albert Mauzaize, Maire et officier de l’Etat civil de la commune de Saint Aubin des Bois, canton nord et arrondissement de Chartres, département d’Eure et Loir, avons reçu de M. Scherer, Adjoint au Maire de la ville de Wissembourg, une expédition de l’acte de décès de Désiré Appolinaire Collet, artilleur au cinquième régiment, décédé à Wissembourg le 8 juillet dernier, en conséquence et en conformité de l’article 80 du code civil, nous avons procédé de suite à la transcription du contenu de la dite expédition dont suit le teneur…
Le huitième jour du mois de juillet an mil huit cent soixante onze, à trois heures du soir, acte de décès de Collet Désiré Appolinaire, profession d’artilleur du cinquième régiment, âgé de vingt sept ans, décédé le huit juillet mil huit cent soixante onze à Wissembourg à dix heures du matin, né à Saint Aubin des Bois, fils de Collet Pierre Martin, propriétaire, domicilié à Saint Aubin des Bois, et d’Andrée Marie Sophie domiciliée à Saint Aubin des Bois.
Déclarants : Goetz Antoine, âgé de quarante et un an, brigadier forestier, et Dargegen Antoine, âgé de soixante trois ans, ancien instituteur, les deux domiciliés à Wissembourg et non voisins du défunt,
Constaté suivant la loi par moi Gauckler Edouard, Maire, faisant fonction d’officier de l’Etat civil,
Signé Goetz, Dargegen et Gauckler
Pour extrait conforme,
Wissembourg le 11 juillet 1871
Le Maire signé Scherer
Vu pour légalisation de la signature de M.Scherer, Adjoint au Maire de cette ville, apposée ci contre, Wissembourg le 12 juillet 1871
Le Maire membre du Conseil Général du département du Bas Rhin, signé illisible
Et de cette transcription nous avons dressé le présent acte que nous avons signé, A. Mauzaize »
Acte de naissance de COLLET Désiré Appolinaire
« L’an mil huit cent quarante quatre, le seize mars, à six heures du soir, par devant nous Augustin Bernardin Legros, Maire et officier de l’Etat civil de la commune de Saint Aubin des Bois arrondissement de Chartres, département d’Eure et Loir, étant en la maison commune, est comparu Pierre Martin Collet, âgé de quarante quatre ans, journalier, demeurant à Chazay, commune de Saint Aubin des Bois, lequel nous a déclaré qu’aujourd’hui à quatre heures du matin, Marie Anne Sophie Adélaïde André, âgée de quarante ans, son épouse, est accouchée en cette commune d’un enfant de sexe masculin qu’il nous a présenté et auquel il a dit vouloir donner les prénoms de Désiré Appollinaire.
Les dites déclaration et présentation faites en présence de Léon Marin François Jubin, âgé de trente cinq ans, vigneron, demeurant à Saint Aubin des Bois, ami des père et mère de l’enfant, et de Louis Alleaume, âgé de quarante deux ans, instituteur, aussi ami des père et mère de l’enfant,
En foi de quoi nous avons rédigé le présent acte que nous avons écrit sur les deux registres à ce destinés que les témoins ont signé avec nous après lecture et collation à l’exception de Pierre Martin Collet qui a déclaré ne savoir ».
CULLERON Joseph Elie (28 septembre 1850 – 7 mai 1871)
Transcription de l’acte de décès de CULLERON Joseph, 7 mai 1871, célibataire, 20 ans, acte n° 12 commune de Saint Aubin des Bois
« l’an mil huit cent soixante onze, le onze mai à dix heures du matin, nous Alphonse Victorien Roquillet, adjoint remplissant, en l’absence du Maire, les fonctions d’officier d’état civil de la commune de St Aubin des Bois, canton nord et arrondissement de Chartres, département d’Eure et Loir, avons reçu de Mr Goux, adjoint au Maire de Langon, une expédition de l’acte de décès de Joseph Culleron, militaire au deuxième régiment du Train d’Artillerie, décédé à Langon le sept du courant, en conséquence et en conformité de l’art 80 du Code Civil, nous avons procédé de suite à la transcription du contenu de la dite expédition dont suit la teneur :
L’an mil huit cent soixante onze et le sept mai, Par devant Nous Jude Vital, Maire et officier de l’Etat civil de la commune de Langon, canton de Langon, département de la Gironde, sont comparus les sieurs Lapeyre Arnaud, charpentier, âgé de soixante dix ans, et Breau Pierre, cordier, âgé de quarante neuf ans, domiciliés dans cette ville, lesquels nous ont déclaré que le sept mai à dix heures du matin est décédé dans l’hospice de la ville où il était de passage le sieur Culleron Joseph, célibataire, militaire du deuxième régiment du Train d’Artillerie ainsi que nous nous en sommes assurés, âgé de vingt ans, né à Saint Aubin (Eure et Loir), fils de Culleron François et de Boissard Marie (sans autres renseignements). Le premier témoin a signé avec nous le présent acte, le second pour ne savoir, après lecture.
Signé Lapeyre Jude, Maire
Pour expédition conforme, délivré par nous Officier de l’Etat civil, sur papier libre conformément à l’article 80 du Code Civil
A Langon le 9 mai 1871
Le Maire, signé Goux, adjoint
Vu par nous Juge de Paix du canton de Langon pour légalisation de la signature de Mr Goux
Augustin, adjoint au Maire de la commune de Langon, approuvé ci-contre
Langon le 9 mai 1871, Pour le juge de paix signé illisible
Et cette transcription nous en avons dressé le présent acte que nous avons signé, Roquillet ».
Acte de naissance de CULLERON Joseph Elie
« L’an mil huit cent cinquante, le vingt huit septembre, à onze heures du matin, devant nous Jean Louis Broust, Maire et officier de l’Etat civil de la commune de Saint Aubin des Bois, arrondissement et canton nord de Chartres, département d’Eure et Loir, étant en la mairie, est comparu François Labbé Culleron, âgé de trente six ans, journalier, demeurant à Grogneault, hameau de cette commune, père de l’enfant ci-après dénommé, lequel nous a déclaré que Marie Catherine Boissard, sa femme, âgée de vingt sept ans, est accouchée aujourd’hui à une heure du matin d’un enfant de sexe masculin qu’il nous a présenté et auquel il a déclaré donner les prénoms de Joseph Elie, ce fait en présence de Jacques Amand Roquillet, cinquante trois ans, cultivateur, et de Louis Alleaume, quarante neuf ans, instituteur, tous deux non parents de l’enfant, domiciliés à Saint Aubin des Bois, en foi de quoi nous avons rédigé le présent acte en présence du déclarant et des témoins susnommés qui ont signé avec nous après lecture faire. Signé Broust ».
EVEZARD François Eugène Elie (5 septembre 1849 – 9 décembre 1870)
Transcription de l’acte de décès de EVEZARD François Elie, 9 décembre 1870, célibataire, 21 ans.
« L’an mil huit cent soixante onze, le trente septembre à midi, Nous Marie Alexandre Albert Mauzaize, Maire et officier de l’Etat civil de la commune de Saint Aubin des Bois, canton nord et arrondissement de Chartres, département d’Eure et Loir, avons reçu du sous intendant militaire une expédition de l’acte de décès de François Elie Evezard, garde national mobile, tué au combat à Marchenoir (Loir et Cher) le neuf décembre mil huit cent soixante dix, en conséquence et en conformité avec l’article 80 du code civil nous avons procédé de suite à la transcription du contenu de la dite expédition dont suit la teneur,
Du registre de l’Etat civil tenu par le soixante troisième régiment provisoire de Gardes mobiles à l’armée a été extrait ce qui suit,
L’an mil huit cent soixante onze, le vingt deux du mois de juillet, devant Nous Goussard Georges Marie, lieutenant, officier Payeur du soixante troisième régiment provisoire de la Garde nationale mobile du département d’Eure et Loir, remplissant les fonctions d’officier de l’Etat civil à l’armée, sont comparus : Philippe François-Eugène, capitaine, Paragot Georges Jules Hyacinthe, caporal et Duperche Ernest Modeste, garde mobile, qui nous ont déclaré que le nommé Evezard François Elie, garde national mobile, né à Saint Aubin des Bois le cinq septembre mil huit cent quarante neuf, canton de Chartres, département d’Eure et Loir, a été tué au combat à Marchenoir (Loir et Cher) le neuf décembre mil huit cent soixante dix.
En foi de quoi nous avons signé le présent acte ainsi que les témoins qui ont signé après lecture, 1er témoin : signé Philippe, 2ème témoin : signé G.Paragot, 3ème témoin : signé Duperche, l’officier payeur : signé G.Goussard
Vu par les membres du Conseil d’Administration de la garde nationale mobile du département d’Eure et Loir, et certifié conforme le présent extrait au registre des actes de l’Etat civil du soixante troisième régiment provisoire des gardes mobiles (Eure et Loir).
Chartres le 25 juillet 1871
Le capitaine trésorier, non signé, le capitaine d’habillement, signé Durand, le capitaine major, Président, signé Cazimir,
Vu le sous-intendant militaire, signé illisible,
Et de cette transcription nous avons dressé le présent acte que nous avons signé, A.Mauzaize ».
Acte de naissance de EVEZARD François Eugène Elie
«L’an mil huit cent quarante neuf, le cinq septembre à cinq heures du soir, devant Nous Jean Louis Broust, Maire et officier de l’Etat civil de la commune de Saint Aubin des Bois, canton nord de Chartres, département d’Eure et Loir, étant en mairie est comparue Marie Anne Justine Célina Leduc, âgée de quarante deux ans, sage femme domiciliée à Saint Aubin des Bois, laquelle nous a déclaré que cejourd’hui à deux heures Victorine Elisa Fauve, âgée de dix neuf ans, demeurant à Chazay, hameau de cette commune, est accouchée au domicile de ses père et mère audit Chazay d’un enfant de sexe masculin qu’elle nous a présenté et auquel elle a déclaré donner les prénoms de François Eugène Elie, ce fait en présence de Louis Alleaume, âgé de quarante sept ans, instituteur, et de Jacques Amand Roquillet, âgé de cinquante deux ans, cultivateur, tous deux non parents de l’enfant, domiciliés à Saint Aubin des Bois,
En foi de quoi nous avons rédigé le présent acte en mairie, en présence de la déclarante et des témoins susnommés qui l’ont signée avec Nous après lecture et collation ».
MAUPERTUIS Adonis Laurent (22 septembre 1847 – 2 janvier 1871)
Transcription de l’acte de décès de Maupertuis Adonis, 2 janvier, célibataire, 23 ans, acte n°18, commune de Saint Aubin des Bois.
« L’an mil huit cent soixante onze, le vingt-six juillet à midi, Nous Marie Alexandre Albert Mauzaize, Maire et officier de l’Etat civil de la commune de Saint Aubin des Bois, canton nord et arrondissement de Chartres, département d’Eure et Loir, avons reçu de M. Durand, Adjoint au Maire de la ville du Mans, une expédition de l’acte de décès de Adonis Maupertuis, garde mobile d’Eure et Loir, décédé au Mans le 2 janvier dernier ; en conséquence et en conformité de l’art 80 du Code civil nous avons procédé de suite à la transcription du contenu de la dite expédition dont suit la teneur :
L’an mil huit cent soixante onze, le trois janvier, Par devant Nous Alexandre Couprent Desgraviers, Adjoint au Maire de la ville du Mans, délégué pour remplir les fonctions d’Officier de l’Etat civil, sont comparus : Claude, François, Maurice, âgé de quarante trois ans, officier comptable, et Louis Alexandre Barbot, âgé de vingt deux ans, adjudant d’administration en résidence au Mans, lesquels nous ont déclaré que Adonis Maupertuis, âgé de vingt trois ans, garde mobile d’Eure et Loir, né le vingt deux septembre mil huit cent quarante sept à Saint Aubin des Bois (Eure et Loir) de André Maupertuis et Célestine Buisson, est décédé hier à sept heures du matin à l’ambulance du théâtre du Mans. Dont acte que nous avons signé avec les déclarants après lecture.
Signé : Maurice, Barbot, Desgraviers.
Pour copie conforme, pour le Maire, signé Durand, Adjoint.
Vu pour la légalisation de la signature de M. Durand, adjoint au Maire du Mans. Le Mans le 2 mai 1871.
Pour le Préfet empêché, le secrétaire général délégué, signé illisible.
Et de cette transcription nous avons dressé le présent acte que nous avons signé. A. Mauzaize »
Acte de naissance d’Adonis Laurent MAUPERTUIS
« L’an mil huit cent quarante sept, le jeudi vingt trois septembre, par devant nous Noël François Lhopiteau, Maire et officier de l’Etat civil de la commune de Saint Aubin des Bois, arrondissement et canton de Chartres, département d’Eure et Loir, étant en la maison commune est comparu Pierre André Désiré Maupertuis, âgé de trente trois ans, vigneron, demeurant à Saint Aubin des Bois, lequel nous a présenté un enfant de sexe masculin né hier à une heure du matin, de lui déclarant, en sa maison et de Anne Elisabeth Célestine Buisson, âgée de trente deux ans son épouse, et auquel il a déclaré vouloir donner les prénoms de Adonis Laurent. Déclaration faite en présence de Jacques Amand Roquillet, âgé de cinquante ans, cultivateur, et de Louis Alleaume, âgé de quarante cinq ans, instituteur ».
Le même jour, à une heure du matin aussi, est né son frère jumeau prénommé Gédéon Esliens Maupertuis qui sera maire de Saint Aubin des Bois de 1896 à 1925.
L’INVASION PRUSSIENNE DANS L’EURE ET LOIR 1870-1871
Relation des évènements qui se sont déroulés dans notre commune, d’après la relation des faits établie dans les rapports des maires de diverses communes du département, :
« Les Prussiens ont envahi la commune de Saint Aubin des Bois le 30 novembre 1870 et ils l’ont quittée le 16 mars 1871 (un peu plus de trois mois d’occupation). L’incendie allumé le 12 novembre 1870 par les troupes allemandes à la suite de la mort d’un capitaine de cuirassiers tué à Saint Aubin des Bois par des franc- tireurs a causé un dommage de 46 297 Francs (le maire de Saint Aubin des Bois, signé MAUZAIZE) ».
« Si l’ennemi entrait dans une commune sans combat, il se montrait généralement assez traitable et respectait les habitants; avait-il, au contraire, éprouvé une résistance sérieuse et subi des pertes importantes, il était hautain, violent, brutal, prenait, pillait tout ce qui lui tombait sous la main, et ne ménageait pas les coups à son hôte ».
Michel GUESNET