La guerre de 1870

Cette année 2020, dont on se souviendra à plus d’un titre, a été fêté  le 150ème anniversaire de la guerre de 1870, déclarée par la France à la Prusse … guerre que nous avons perdue, avec l’Alsace et la Lorraine!

« Cette guerre de près de 6 mois a marqué profondément les populations : mobilisation massive, invasion du territoire, bombardements intensifs, villes assiégées, déroute d’armées entières, et prisonniers par dizaines de milliers » (Jérôme Malhache).

Et qui dit guerre, dit aussi soldats blessés, disparus, morts au champ d’honneur. Si les soldats tombés au cours des conflits de 1914-1918 et 1939-1945 ont leur nom sur un monument aux morts, par contre ceux qui ont donné leur vie au cours des conflits antérieurs n’y ont pas eu droit et de ce fait sont totalement oubliés, et puis 1870 c’est loin !

C’est donc à ces valeureux enfants de la commune de Saint Aubin des Bois que nous allons nous intéresser afin de corriger cette injustice. Et puis nous aurons le témoignage du maire de la commune à l’époque relatant les faits qui se sont déroulés chez nous.

Ils avaient pour nom COLLET Désiré Appolinaire, CULLERON Joseph Elie, EVEZARD François Eugène Elie et MAUPERTUIS Adonis Laurent.

COLLET Désiré Appollinaire (16 mars 1844 – 8 juillet 1871)

Transcription de l’acte de décès de COLLET Désiré Appolinaire, 8 juillet 1871, célibataire, 27 ans.

« L’an mil huit cent soixante onze, le seize septembre, à trois heures du soir, nous Marie Alexandre Albert Mauzaize, Maire et officier de l’Etat civil de la commune de Saint Aubin des Bois, canton nord et arrondissement de Chartres, département d’Eure et Loir, avons reçu de M. Scherer, Adjoint au Maire de la ville de Wissembourg, une expédition de l’acte de décès de Désiré Appolinaire Collet, artilleur au cinquième régiment, décédé à Wissembourg le 8 juillet dernier, en conséquence et en conformité de l’article 80 du code civil, nous avons procédé de suite à la transcription du contenu de la dite expédition dont suit le teneur…

Le huitième jour du mois de juillet an mil huit cent soixante onze, à trois heures du soir, acte de décès de Collet Désiré Appolinaire, profession d’artilleur du cinquième régiment, âgé de vingt sept ans, décédé le huit juillet mil huit cent soixante onze à Wissembourg à dix heures du matin, né à Saint Aubin des Bois, fils de Collet Pierre Martin, propriétaire, domicilié à Saint Aubin des Bois, et d’Andrée Marie Sophie domiciliée à Saint Aubin des Bois.

Déclarants : Goetz Antoine, âgé de quarante et un an, brigadier forestier, et Dargegen Antoine, âgé de soixante trois ans, ancien instituteur, les deux domiciliés à Wissembourg et non voisins du défunt,

Constaté suivant la loi par moi Gauckler Edouard, Maire, faisant fonction d’officier de l’Etat civil,

Signé Goetz, Dargegen et Gauckler

Pour extrait conforme,

Wissembourg le 11 juillet 1871

Le Maire signé Scherer

Vu pour légalisation de la signature de M.Scherer, Adjoint au Maire de cette ville, apposée ci contre, Wissembourg le 12 juillet 1871

Le Maire membre du Conseil Général du département du Bas Rhin, signé illisible

Et de cette transcription nous avons dressé le présent acte que nous avons signé,                    A. Mauzaize »

Acte de naissance de COLLET Désiré Appolinaire

« L’an mil huit cent quarante quatre, le seize mars, à six heures du soir, par devant nous Augustin Bernardin Legros, Maire et officier de l’Etat civil de la commune de Saint Aubin des Bois arrondissement de Chartres, département d’Eure et Loir, étant en la maison commune, est comparu Pierre Martin Collet, âgé de quarante quatre ans, journalier, demeurant à Chazay, commune de Saint Aubin des Bois, lequel nous a déclaré qu’aujourd’hui à quatre heures du matin, Marie Anne Sophie Adélaïde André, âgée de quarante ans, son  épouse, est accouchée en cette commune d’un enfant de sexe masculin qu’il nous a présenté et auquel il a dit vouloir donner les prénoms de Désiré Appollinaire.

Les dites déclaration et présentation faites en présence de Léon Marin François Jubin, âgé de trente cinq ans, vigneron, demeurant à Saint Aubin des Bois, ami des père et mère de l’enfant, et de Louis Alleaume, âgé de quarante deux ans, instituteur, aussi ami des père et mère de l’enfant,

En foi de quoi nous avons rédigé le présent acte que nous avons écrit sur les deux registres à ce destinés que les témoins ont signé avec nous après lecture et collation à l’exception de Pierre Martin Collet qui a déclaré ne savoir ».

CULLERON Joseph Elie (28 septembre 1850 – 7 mai 1871)

Transcription de l’acte de décès de CULLERON Joseph, 7 mai 1871, célibataire, 20 ans, acte n° 12 commune de Saint Aubin des Bois

« l’an mil huit cent soixante onze, le onze mai à dix heures du matin, nous Alphonse  Victorien Roquillet, adjoint remplissant, en l’absence du Maire, les fonctions d’officier d’état civil de la commune de St Aubin des Bois, canton nord et arrondissement de Chartres, département d’Eure et Loir, avons reçu de Mr Goux, adjoint au Maire de Langon, une expédition de l’acte de décès de Joseph Culleron, militaire au deuxième régiment du Train d’Artillerie, décédé à Langon le sept du courant, en conséquence et en conformité de l’art 80 du Code Civil, nous avons procédé de suite à la transcription du contenu de la dite expédition dont suit la teneur :

L’an mil huit cent soixante onze et le sept mai, Par devant Nous Jude Vital, Maire et officier de l’Etat civil de la commune de Langon, canton de Langon, département de la Gironde, sont comparus les sieurs Lapeyre Arnaud, charpentier, âgé de soixante dix ans, et Breau Pierre, cordier, âgé de quarante neuf ans, domiciliés dans cette ville, lesquels nous ont déclaré que le sept mai à dix heures du matin est décédé dans l’hospice de la ville où il était de passage le sieur Culleron Joseph, célibataire, militaire du deuxième régiment du Train d’Artillerie ainsi que nous nous en sommes assurés, âgé de vingt ans, né à Saint Aubin (Eure et Loir), fils de Culleron François et de Boissard Marie (sans autres renseignements). Le premier témoin a signé avec nous le présent acte, le second pour ne savoir, après lecture.

Signé Lapeyre Jude, Maire

Pour expédition conforme, délivré par nous Officier de l’Etat civil, sur papier libre conformément à l’article 80 du Code Civil

A Langon le 9 mai 1871

Le Maire, signé Goux, adjoint

Vu par nous Juge de Paix du canton de Langon pour légalisation de la signature de Mr Goux

Augustin, adjoint au Maire de la commune de Langon, approuvé ci-contre

Langon le 9 mai 1871, Pour le juge de paix signé illisible

Et cette transcription nous en avons dressé le présent acte que nous avons signé, Roquillet ».

Acte de naissance de CULLERON Joseph Elie

« L’an mil huit cent cinquante, le vingt huit  septembre, à onze heures du matin, devant nous Jean Louis Broust, Maire et officier de l’Etat civil de la commune de Saint Aubin des Bois, arrondissement et canton nord de Chartres, département d’Eure et Loir, étant en la mairie, est comparu François Labbé Culleron, âgé de trente six ans, journalier, demeurant à Grogneault, hameau de cette commune, père de l’enfant ci-après dénommé, lequel nous a déclaré que Marie Catherine Boissard, sa femme, âgée de vingt sept ans, est accouchée aujourd’hui à une heure du matin d’un enfant de sexe masculin qu’il nous a présenté et auquel il a déclaré donner les prénoms de Joseph Elie, ce fait en présence de Jacques Amand Roquillet, cinquante trois ans, cultivateur, et de Louis Alleaume, quarante neuf ans, instituteur, tous deux non parents de l’enfant, domiciliés à Saint Aubin des Bois, en foi de quoi nous avons rédigé le présent acte en présence du déclarant et des témoins susnommés qui ont signé avec nous après lecture faire. Signé Broust ».

EVEZARD François Eugène Elie (5 septembre 1849 – 9 décembre 1870)

Transcription de l’acte de décès de EVEZARD François Elie, 9 décembre 1870, célibataire, 21 ans.

« L’an mil huit cent soixante onze, le trente septembre à midi, Nous Marie Alexandre Albert Mauzaize, Maire et officier de l’Etat civil de la commune de Saint Aubin des Bois, canton nord et arrondissement de Chartres, département d’Eure et Loir, avons reçu du sous intendant militaire une expédition de l’acte de décès de François Elie Evezard, garde national mobile, tué au combat à Marchenoir (Loir et Cher) le neuf décembre mil huit cent soixante dix, en conséquence et en conformité avec l’article 80 du code civil nous avons procédé de suite à la transcription du contenu de la dite expédition dont suit la teneur,

Du registre de l’Etat civil tenu par le soixante troisième régiment provisoire de Gardes mobiles à l’armée a été extrait ce qui suit,

L’an mil huit cent soixante onze, le vingt deux du mois de juillet, devant Nous Goussard Georges Marie, lieutenant, officier Payeur du soixante troisième régiment provisoire de la Garde nationale mobile du département d’Eure et Loir, remplissant les fonctions d’officier de l’Etat civil à l’armée, sont comparus : Philippe François-Eugène, capitaine, Paragot Georges Jules Hyacinthe, caporal et Duperche Ernest Modeste, garde mobile, qui nous ont déclaré que le nommé Evezard François Elie, garde national mobile, né à Saint Aubin des Bois le cinq septembre mil huit cent quarante neuf, canton de Chartres, département d’Eure et Loir, a été tué au combat à Marchenoir (Loir et Cher) le neuf décembre mil huit cent soixante dix.

En foi de quoi nous avons signé le présent acte ainsi que les témoins qui ont signé après lecture, 1er témoin : signé  Philippe, 2ème témoin : signé G.Paragot, 3ème témoin : signé Duperche, l’officier payeur : signé G.Goussard

Vu par les membres du Conseil d’Administration de la garde nationale mobile du département d’Eure et Loir, et certifié conforme le présent extrait au registre des actes de l’Etat civil du soixante troisième régiment provisoire des gardes mobiles (Eure et Loir).

Chartres le 25 juillet 1871

Le capitaine trésorier, non signé, le capitaine d’habillement, signé Durand, le capitaine major, Président, signé Cazimir,

Vu le sous-intendant militaire, signé illisible,

Et de cette transcription nous avons dressé le présent acte que nous avons signé, A.Mauzaize ».

Acte de naissance de EVEZARD François Eugène Elie

«L’an mil huit cent quarante neuf, le cinq septembre à cinq heures du soir, devant Nous Jean Louis Broust, Maire et officier de l’Etat civil de la commune de Saint Aubin des Bois, canton nord de Chartres, département d’Eure et Loir, étant en mairie est comparue Marie Anne Justine Célina Leduc, âgée de quarante deux ans, sage femme domiciliée à Saint Aubin des Bois, laquelle nous  a déclaré que cejourd’hui à deux heures Victorine Elisa Fauve, âgée de dix neuf ans, demeurant à Chazay, hameau de cette commune, est accouchée au domicile de ses père et mère audit Chazay d’un enfant de sexe masculin qu’elle nous a présenté et auquel elle a déclaré donner les prénoms de François Eugène Elie, ce fait en présence de Louis Alleaume, âgé de quarante sept ans, instituteur, et de Jacques Amand Roquillet, âgé de cinquante deux ans, cultivateur, tous deux non parents de l’enfant, domiciliés à Saint Aubin des Bois,

En foi de quoi nous avons rédigé le présent acte en mairie, en présence de la déclarante et des témoins susnommés qui l’ont signée avec Nous après lecture et collation ».

MAUPERTUIS Adonis Laurent (22 septembre 1847 – 2 janvier 1871)

Transcription de l’acte de décès de Maupertuis Adonis, 2 janvier, célibataire, 23 ans,           acte n°18, commune de Saint Aubin des Bois.

« L’an mil huit cent soixante onze, le vingt-six juillet à midi, Nous Marie Alexandre Albert Mauzaize, Maire et officier de l’Etat civil de la commune de Saint Aubin des Bois, canton nord et arrondissement de Chartres, département d’Eure et Loir, avons reçu de M. Durand, Adjoint au Maire de la ville du Mans, une expédition de l’acte de décès de Adonis Maupertuis, garde mobile d’Eure et Loir, décédé au Mans le 2 janvier dernier ; en conséquence et en conformité de l’art 80 du Code civil nous avons procédé de suite à la transcription du contenu de la dite expédition dont suit la teneur :

L’an mil huit cent soixante onze, le trois janvier, Par devant Nous Alexandre Couprent Desgraviers, Adjoint au Maire de la ville du Mans, délégué pour remplir les fonctions d’Officier de l’Etat civil, sont comparus : Claude, François, Maurice, âgé de quarante trois ans, officier comptable, et Louis Alexandre Barbot, âgé de vingt deux ans, adjudant d’administration en résidence au Mans, lesquels nous ont déclaré que Adonis Maupertuis, âgé de vingt trois ans, garde mobile d’Eure et Loir, né le vingt deux septembre mil huit cent quarante sept à Saint Aubin des Bois (Eure et Loir) de André Maupertuis et Célestine Buisson, est décédé hier à sept heures du matin à l’ambulance du théâtre du Mans. Dont acte que nous avons signé avec les déclarants après lecture.

Signé : Maurice, Barbot, Desgraviers.

Pour copie conforme, pour le Maire, signé Durand, Adjoint.

Vu pour la légalisation de la signature de M. Durand, adjoint au Maire du Mans. Le Mans le     2 mai 1871.

Pour le Préfet empêché, le secrétaire général délégué, signé illisible.

 Et de cette transcription nous avons dressé le présent acte que nous avons signé.                      A. Mauzaize »

Acte de naissance d’Adonis Laurent MAUPERTUIS

« L’an mil huit cent quarante sept, le jeudi vingt trois septembre, par devant nous Noël François Lhopiteau, Maire et officier de l’Etat civil de la commune de Saint Aubin des Bois, arrondissement et canton de Chartres, département d’Eure et Loir, étant en la maison commune est comparu Pierre André Désiré Maupertuis, âgé de trente trois ans, vigneron, demeurant à Saint Aubin des Bois, lequel nous a présenté un enfant de sexe masculin né hier à une heure du matin, de lui déclarant, en sa maison et de Anne Elisabeth Célestine Buisson, âgée de trente deux ans son épouse, et auquel il a déclaré vouloir donner les prénoms de Adonis Laurent. Déclaration faite en présence de Jacques Amand Roquillet, âgé de cinquante ans, cultivateur, et de Louis Alleaume, âgé de quarante cinq ans, instituteur ».

Le même jour, à une heure du matin aussi, est né son frère jumeau prénommé Gédéon Esliens Maupertuis qui sera maire de Saint Aubin des Bois de 1896 à 1925.

L’INVASION PRUSSIENNE DANS L’EURE ET LOIR 1870-1871

Relation des évènements qui se sont déroulés dans notre commune, d’après la relation des faits établie dans les rapports des maires de diverses communes du département, :

« Les Prussiens ont envahi la commune de Saint Aubin des Bois le 30 novembre 1870 et ils l’ont quittée le 16 mars 1871 (un peu plus de trois mois d’occupation). L’incendie allumé le 12 novembre 1870 par les troupes allemandes à la suite de la mort d’un capitaine de cuirassiers tué à Saint Aubin des Bois par des franc- tireurs a causé un dommage de 46 297 Francs (le maire de Saint Aubin des Bois, signé MAUZAIZE) ».

« Si l’ennemi entrait dans une commune sans combat, il se montrait généralement assez traitable et respectait les habitants; avait-il, au contraire, éprouvé une résistance sérieuse et subi des pertes importantes, il était hautain, violent, brutal, prenait, pillait tout ce qui lui tombait sous la main, et ne ménageait pas les coups à son hôte ».

Michel GUESNET

             

Le clocher

Dans son rapport « Statistique des édifices et bâtiments communaux », datant du 16 avril 1852, l’Agent-voyer du canton de Chartres écrit : « clocher octogonal perché sur l’église et supporté intérieurement par quatre lourdes chandelles. En bois et recouvert en forme de calotte. Couverture en ardoises en vétusté, les bois en partie vermoulus ne pouvant plus attendre une reconstruction. Son état est tel que depuis plusieurs années la commune a renoncé à le réparer.

La charpente de l’église a souffert du poids du clocher. Dans l’intérêt de sa conservation il vaudrait mieux faire disparaître le clocher du dessus, réparer son emplacement et enfin construire un clocher avec tour à côté de l’église ».

Un plan de reconstruction du clocher, à l’échelle de 0,01 m pour 1 m, est dressé par Mr LEBRUN, l’agent voyer cantonal, à la date du 4 mai 1853; il sera vu par le Préfet d’Eure et Loir, pour être annexé au devis approuvé à la date du 30 avril 1855.

Avis de l’évêque de Chartres :  » Considérant que la démolition du vieux clocher de Saint Aubin et la reconstruction d’une nouvelle flèche en remplacement sont choses urgentes et indispensables, tant pour la nécessité de convoquer les fidèles aux offices divins que pour signaler les cas d’incendie assez fréquents dans la Beauce, Considérant que le plan présenté offre l’aspect d’une construction gracieuse et en conformité avec le style général de l’église, et qu’il répond aux besoins auxquels cette partie de l’édifice est destinée. » Chartres le 13 juillet 1853

1Prévisions pour la reconstruction :

« Le clocher actuel perché sur l’église et qui est en mauvais état sera démoli pour être reconstruit à neuf à l’entrée de l’église et adossé au pignon avec tour en maçonnerie.

L’emplacement du vieux clocher sera réparé tant en charpente qu’en couverture et en bardeau ou lambris. (La réparation sera réalisée par Mr GUIARD, charpentier à Saint Georges sur Eure).

La tour formera un carré intérieur de trois mètres cinquante centimètres au niveau des fondations qui seront descendues jusque sur le solide et arasées au niveau du pavage de l’église sur un mètre dix centimètres d’épaisseur débordant de dix centimètres l’aplomb des murs en élévation, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur.

Les murs auront quatre vingt dix centimètres d’épaisseur au niveau des fondations pour se réduire au moyen de retraites successives extérieures à soixante centimètres au niveau du faîtage de l’église, sommet projeté de la tour et en conservant un aplomb intérieurement.

Deux contreforts d’angle de un mètre et vingt centimètres sur un mètre et trente centimètres en fondations et se réduisant de quatre vingt centimètres sur soixante centimètres au sommet seront construits en même temps que la tour et en liaison.

Le sommet de la tour sera couronné d’un entablement destiné à recevoir le clocher de forme octogonale, surmonté d’une flèche.

Dans l’angle nord de la tour sera aménagé une petite tourelle engagée pour recevoir l’escalier.

Il sera fait tous arrachements et reprises à la vieille maçonnerie du pignon, pour la relier à la nouvelle.

Seront construits et appareillés en pierres de taille les contreforts à partir de cinquante centimètres en contrebas du pavage, avec chaînes verticales aux angles rentrants et formant carreau et boutisses. Les angles de la tour à la rencontre du pignon de l’église aussi chaînés.

Les baies de portes et fenêtres, l’entablement, le seuil, les cordons, le socle et le dallage seront en briques. Les angles intérieurs des baies et les angles de la tour chaînés de haut en bas.

Le reste de la maçonnerie en cailloux.

Dans la hauteur de la tour seront établis trois planchers en bois. Sur le sommet un plancher d’enrayure avec assemblage dans les poteaux de pans, ce plancher destiné à supporter la cloche et son armature.

Au sommet de la cage, une autre enrayure pour relier les poteaux d’angle, avec trois enrayures moisées de la hauteur de la flèche.

Dans chaque pan de la cage, sera aménagée une petite lucarne.

Le clocher sera couvert en ardoises avec égouts et noues en zinc.

Tous les matériaux et général de démolition qui ne seraient pas réemployés sont expressément réservés à la commune. A cet effet l’entrepreneur sera tenu d’en faire le triage et rangement nécessaire ».

Normalement, il n’y a pas de clocher sans cloche, ni sans coq !

2-La cloche :

Le mot cloche vient de l’allemand glocke (de keloken, frapper). La cloche fut désignée primitivement par d’autres noms : elle fut appelée signum, signal, campana parce que c’était en Campanie (province d’Italie) que l’on tirait les plus beaux objets en métal, et de même nola, de la ville de Nole où se trouvait une fonderie renommée de clochettes, d’eschelettes comme on les appelait au Moyen-Age. C’est au christianisme que celles-ci doivent leur forme grandiose et la généralisation de leur emploi dans les cérémonies cultuelles.

Particularités : la matière des cloches est ordinairement un mélange de cuivre rouge et d’étain fin, combinés ensemble dans les proportions bien définies. Chaque cloche a un son qui correspond à l’une des notes de la gamme. Les cloches peuvent aussi être couvertes d’inscriptions et de dessins en relief. Du point de vue chrétien, les fonctions de la cloche sont résumées ainsi : « Je loue Dieu, j’appelle le peuple, je convoque le clergé, je pleure les morts, je chasse la foudre, je relève la pompe des solennités« . Entre autres vibrations, on peut distinguer celles-ci : la volée, le glas, le tocsin. La bénédiction des cloches s’appelle le baptême, une cloche a un parrain et une marraine; c’est à l’évêque ou au prêtre qu’il a désigné, qu’il appartient de bénir la cloche.

En 1544, assemblée des habitants de Saint Aubin des Bois décidant la refonte des cloches de l’église. Le 5 et le 6 novembre 1544, les cloches furent refondues par Thomas CHAUVEL.

Le registre d’état civil de la commune nous indique qu’une cloche a été baptisée le 26 janvier 1778 par le curé Bordier, curé de Saint Aubin des Bois. Elle a été nommée Amand Marie Aubin par Pierre Amand Torcheux, gager en charge et Marie Jeanne Pipereau, femme de Jacques Maillard laboureur qui ont tous deux signé l’acte. Elle pesait douze cent vingt trois livres et trônait dans l’ancien clocher.

Dans sa séance extraordinaire du 4 janvier 1895, sous la présidence de Mr LASNE, Maire, le Conseil Municipal décide à l’unanimité que la cloche de l’église sera remplacée et qu’il sera fait l’acquisition d’une cloche pesant environ 500 kg. Cette décision est intervenue après que la cloche se soit cassée par accident, devenant par là même hors de service. Ce projet s’élève à 800 F. C’est la Fabrique qui règlera la note avec le secours de la commune. Le fondeur est retenu, ce sera le sieur Georges BOLLÉE, fondeur de cloches à Orléans.

C’est ainsi que la nouvelle cloche trouvera sa place; les inscriptions suivantes sont fondues avec, c’est ce que l’on appelle des inscriptions campanaires : je me nomme Pauline Marie Angèle, je sonne le sol et je pèse 520 kg, j’ai été bénie le 24 février 1895 par MR DANCRET, archiprêtre, assisté de MR l’abbé DAUVILLIERS, curé de cette paroisse ST AUBIN, SS LEON XIII étant pape, MGR LAGRANGE, évêque, MR LASNE Maire, G. MAUPERTUIS, MARTIN, LEROY et LUTHON, THEAU, marguilliers. J’ai eu pour parrain l’abbé MARCHAND, Aumônier de l’Hôtel Dieu, ancien curé de la paroisse, et pour marraine Demoiselle Camille DAUVILLIERS, soeur du desservant.

Un marguillier est un membre du Conseil de Fabrique chargé d’administrer les biens d’une paroisse ».

La cloche porte, fondues dans la masse, une croix, une représentation de la Vierge et une de saint Aubin, patron de la paroisse, ainsi que la marque distinctive du fondeur. Une autre inscription est ainsi libellée « ST AUBIN protégez les familles chrétiennes ».

Voici quelques mots du commentaire que l’abbé DAUVILLIERS a fait de cette cérémonie : « …le concours des fidèles était remarquable et chacun était heureux d’assister à la petite fête de famille. Messieurs les curés des environs ont rehaussé de leur présence la touchante cérémonie religieuse. Puisse la nouvelle cloche, consacrée au service divin, faire entendre longtemps sa voix harmonieuse et attirer les fidèles… »

En décembre 1985, le Conseil Municipal met à l’étude la possibilité d’électrification de la cloche. Ce qui sera fait quelque temps plus tard. Adieu la corde! Certaines inscriptions provenant d’ouvriers ayant effectués des travaux dans le clocher nous rappellent certains faits comme celui-ci :

Au hasard des recherches sur les registres d’état civil de la commune, nous sommes tombés sur la bénédiction de cette cloche qui a certainement précédé Pauline Marie Angèle, la cloche actuelle.

Bénédiction de la cloche : « l’an mil sept cent soixante et dix huit a été par moy prêtre curé de cette paroisse soussigné bénie la cloche le vingt six janvier et a été nommée amand marie aubin par pierre amand torcheux gager en charge et marie jeanne pipereau femme de jacques maillard laboureur qui ont tous deux signé avec nous de ce interpellés suivant l’ordonnance. Suivent les signatures des membres présents, et Bordier, curé de St aubin des bois ». En marge, elle pèse douze cent vingt trois livres!

Rappelons que Pierre Amand Torcheux est l’arrière grand père de Marcel Proust!

Le battant de la cloche sera remplacé le 13 juillet 2023 par BODET CAMPANAIRE SAS, expert en art campanaire depuis 1868, produit 100% Made in France, conçu et réalisé dans les ateliers à Trémentines, 49340. (coût 20221, 20 € TTC)

3-Le coq :

L’ancien coq, conservé en mairie, foudroyé le 29 mars 2001 au cours d’un violent orage, a été remplacé, par un congénère plus trapu provenant de « l’Atelier des Beaux Arts », par l’entreprise Leroy-Durand. Il a été mis en place le 27 septembre 2001.

Le vieux coq, après bien des années à indiquer les vents dominants, a passé le relais à un congénère un peu plus trapu. Il a connu bien des vicissitudes comme des tirs de balles pendant la dernière guerre, dont on remarque les traces, pour finir foudroyé sous un orage terrible qui lui a fait éclater la queue! Il a été récupéré et trône actuellement dans la salle de conseil municipal, à l’abri des intempéries!

Voici le nouveau coq en cuivre qui a pris sa fonction en haut de notre clocher. Nous assistons ici à la passation de pouvoir mais je ne me souviens plus de ce qu’ils ont bien pu se raconter! Mais au moins le vieux coq, lui, avait des pattes, mais il était si maigre, si pâle, si calme!

Le coq fait aussi office de support du paratonnerre. Des travaux avaient été entrepris sur le paratonnerre en février 1980.

Autres travaux entrepris sur le clocher :

Le 16 juillet 1932, Mr le Maire expose que le clocher de l’église est en très mauvais état, que chaque année les frais occasionnés par les réparations sont assez élevés et qu’il serait plus avantageux pour la commune de faire procéder à la réfection de la couverture. Un devis est demandé à Mr GUITTET, architecte à Chartres. Coût 18 500 F.

En 1991, réparation du clocher par Mr LEVACHER, couvreur à Thivars (28)

Des derniers travaux de réfection du clocher ont été entrepris à partir du 15 octobre 2012 afin de remplacer les crochets d’ardoises qui étaient défectueux par des clous cuivrés crantés recommandés par l’architecte des bâtiments de France. En effet, les ardoises qui se décrochaient, et même quelques pierres de la tour, constituaient un réel danger pour la population.

Eléments des travaux : échafaudage de pied avec protection, dépose des ardoises, des liteaux et évacuation (148,10 m2), couverture en ardoises Espagne CUPA, 30×20, épaisseur 4.5, sur volige en sapin traité, au clou (148,10 m2), arêtier fermé compris raccord (142,80 m2), entablement en zinc et plomb (17,20 m), tranchis (34,40 m), corniche en zinc (17,20 m), houteaux en zinc anthra, embase en zinc en haut du clocher avec coq en zinc. En même temps réfection des joints de pierre sur le glacis du pilier sud ouest du clocher.

Ce sera 7 000 ardoises posées, 14 000 clous !

Un devis avait été demandé pour un cadran horaire sur le clocher, mais c’est resté en l’état. mais reste encore l’oeil bien rond sur le pilier nord du clocher.

Et le 26 septembre 2013, ce fut l’inauguration des travaux réalisés sur le clocher, en présence de Albéric de Montgolfier, Président du Conseil Général, Nicolas André, Conseiller Général du canton, Jean Pierre Gorges, maire de Chartres, Président de Chartres Métropole.

Anecdote : le jour où le clocher a failli disparaître sous terre !!! Cela s’est passé le 22 novembre 2020 au cours d’une randonnée du côté de Chazay. Vision incroyable en prenant le chemin à gauche après l’ancienne station d’épuration, sur le trajet de la canalisation de transfert des effluents de cette station ! Et en continuant d’avancer nous avons vu le clocher sortir de terre comme par enchantement et s’élever vers le ciel! Ouf!

Michel GUESNET