La chapelle, telle qu’elle nous apparaît actuellement, est dédiée à Saint Ambroise; celui-ci est représenté sur un vitrail de l’église de la commune avec une ruche à ses pieds car on disait de cet évêque, qui parlait avec douceur, que « sa parole était comme du miel ».
Le diacre Paulin, qui fut son secrétaire et biographe, raconte que « pendant qu’il était au berceau, un jour qu’il dormait la bouche ouverte dans la cour du palais, un essaim d’abeilles vint voltiger autour de lui et environner son visage. Elle entraient dans sa bouche et en sortaient les unes après les autres, comme si elles eussent voulu y travailler leur miel. Une servante, chargée de sa nourriture, voulut les chasser de peur qu’elles ne lui fissent du mal; mais son père, qui regardait cet évènement comme un signe mystérieux, l’empêcha de le faire. Enfin ces abeilles prirent leur envol et s’élevèrent dans le ciel si haut que l’œil humain ne fut plus capable de les distinguer. Ce qui fit dire à son père que cet enfant serait un jour quelque chose de grand si Dieu lui conservait la vie ».
Saint Ambroise était le troisième enfant d’une famille dont le père était un seigneur romain préfet du prétoire des Gaules.
Sur la « carte de Cassini », la plus ancienne des cartes du royaume de France à l’échelle topographique (1/86400e), dressée à l’initiative du roi Louis XV, nous trouvons déjà le lieu sous le nom d’ « oratoire Saint Ambroise ». Les relevés commencés vers 1760 s’achèveront en 1789.
Cette chapelle a une histoire particulière : la tradition orale voudrait qu’après la destruction du premier édifice qui menaçait ruine, (en effet à cette époque la chapelle était en triste état, il ne restait plus qu’un pan de mur), par le propriétaire du terrain, celui-ci tomba gravement malade. Les récits divergent sur la forme prise par cette maladie, peut être en relation avec l’invocation du saint pour les éruptions dites « feu de Saint Ambroise ».
Faisant sans doute le rapprochement qui s’imposait entre ces deux évènements particuliers, cette personne décida, en 1849, de reconstruire cette petite chapelle en entier, et peut être plus importante en volume. Et sa guérison intervint…… Miraculeusement !
Un journaliste du périodique départemental « Le Glaneur d’Eure-et-Loir » (journal créé en 1830) écrivait le dimanche 25 mars 1849 : « On a reproché à l’ancienne (chapelle) d’être un lieu d’obscénité plutôt qu’un lieu de dévotion, et ce n’était qu’un pan de mur ! Que sera celle-ci, qui va présenter une petite maisonnette assez semblable à celle de Socrate et où l’on sera à couvert ? Ne servira-t-elle pas aussi de repaire aux brigands qui, à l’aide du pouvoir surnaturel que l’on va attribuer à ce bâtiment et, étant auprès du chemin de fer, pourront venir arrêter les wagons ? »
Une quête fut organisée dans la commune pour sa reconstruction, mais c’est cet habitant de Saint-Luperce (commune qui jouxte Saint-Aubin des Bois) qui la fit réédifier, pour une grande partie, à ses frais.
Au cours de son histoire, la chapelle a voisiné avec la décharge communale qui étendait son domaine sur trois de ses côtés, laissant la façade libre d’accès, façade encadrée par deux magnifiques pins sylvestres. Puis cette décharge fut recouverte de terre et rendue à la culture. A l’origine, le trou avait été ouvert pour les travaux de la ligne de chemin de fer (zone riche en silex). Le premier tracé de la ligne SNCF mis à la connaissance de la commune date de 1847 et le tronçon Chartres – La Loupe a été mis en service en 1852.
La chapelle a été restaurée au cours de l’année 2005 afin de consolider l’édifice, le crépi intérieur a été refait entièrement ainsi que quelques tuiles de la couverture reposées. C’est M. CHAUVEAU, maçon à Ollé, qui a réalisé ces travaux.
Le mobilier se compose désormais d’un nouvel autel, en remplacement de l’ancien, en partie vermoulu, autel généreusement conçu et offert par un habitant de la commune, M. PETIT Gilles.
Une statuette en bois représentant « Saint Ambroise », oeuvre de Mr RIOTON de Chartres garnit désormais la niche aménagée à l’intérieur au-dessus de l’autel.
En 1974, la conception et la réalisation de la nouvelle porte d’entrée ont été l’œuvre de M. LE BELLER, menuisier ébéniste de la commune.
Après les travaux, tout a été remis en place le mercredi 7 décembre 2005 (jour de la saint Ambroise !)
Ainsi refaite, la chapelle sera bénie par le prêtre du secteur, le père LEGRAND, le samedi le plus proche de la saint Aubin (1er mars 2006) soit le samedi 11 mars après la messe du soir, date préférée au samedi le plus proche du 7 décembre 2005 (la Saint Ambroise) à cause d’un emploi du temps chargé du prêtre, cérémonie à laquelle ont assisté M. DURAND, maire de la commune, Joël PESCHEUR et Patrice COURROUX, employés communaux, M. et Mme PETIT, M. RIOTON, M. GUESNET Michel, conseiller municipal, et plusieurs autres habitants.(Si vous possédez d’autres renseignements sur cette chapelle, pensez à nous en faire part en mairie, notamment le nom de cet habitant de Saint Luperce qui a fait reconstruire cette chapelle. Merci par avance).
Article du journal « le glaneur » :
« Lecteur bénévole, vous souvient-il avoir ouï parler de la chapelle dite de Saint Ambroise, située sur la route de Chartres à Courville? Vous souvient-il aussi que l’on vous a dit qu’elle était abattue? Si ceci ne s’est point échappé de votre mémoire, vous vous rappellerez aussi que l’on vous a dit en même temps que l’on allait se cotiser dans la commune de Saint Aubin des Bois pour la réédifier. Eh bien, voilà que tout se réalise, avec cette différence seulement que c’est un tout petit citoyen de la commune de Saint Luperce qui la fait reconstruire à ses frais, sauf une quête ultérieure et à domicile.
Ne soyez pas étonné, cher lecteur, de voir se perpétuer dans la religion du Christ des superstitions d’une nature assez bizarre; car, si celui qui élève ladite chapelle n’en voit pas plus long, c’est que chez lui la nature est bien coupable. Pourquoi ne l’a-t-elle pas doté de deux yeux comme tous les hommes en général?
L’un avance en besogne, le temps presse, l’époque du pèlerinage approche, et il faut profiter de l’aubaine; car sachez une fois pour toutes, ami lecteur, que le tronc qui doit recevoir les offrandes est déjà placé, et c’est là le plus important de l’affaire, vous savez. A cet égard, le saint, qui est encore on ne sait où, a déjà fait un miracle; le tronc est, dit-on, plein de … cailloux. Au Jeudi Saint le grand coup : accourez pèlerins et pèlerines voir le miracle qui s’y fera ce jour-là pour l’ouverture! Songez comme cela donnera du relief à la sainte chapelle!
On a reproché à l’ancienne d’être un lieu d’obscénités plutôt qu’un lieu de dévotion, et ce n’était qu’un pan de mur! Que sera donc celle-ci, qui va représenter une petite maisonnette, assez semblable à celle de Socrate et où l’on sera à couvert? Ne servira-t-elle pas aussi de repaire aux brigands; qui, à l’aide du pouvoir surnaturel que l’on va attribuer à ce bâtiment, et étant auprès du chemin de fer, pourront venir arrêter les wagons? Toute réflexion faite, ceci est de la calomnie, car sans doute le cas n’aura pas été prévu du temps où vivait Ambroise, saint évêque, qui se doute bien peu de là-haut de ce que l’on fait ici-bas. Nous pouvons donc nous rassurer à cet égard.
Le clergé viendra-t-il bénir ce petit monument? Nous ne le croyons guère, s’il veut être conséquent avec ce qu’il enseigne; car l’Eglise condamne la superstition, qu’elle considère comme un énorme péché, et elle sait faire une grande, une énorme distinction, entre le saint et le pouvoir que le vulgaire lui prête, à moins pourtant qu’elle ne voie dans cette circonstance et d’autres semblables un moyen de bâillonner encore pour quelque temps les citoyens qui, eux-mêmes, auront fourni des verges pour se faire fouetter. Heureux encore si l’on pouvait faire une distinction entre les personnes qui raisonnent et celles qui déraisonnent; mais, par malheur, il faut que le clairvoyant saute avec le borgne.
Il y a malheureusement encore beaucoup de gens superstitieux, et ceci est à la honte des gouvernements qui se sont succédé depuis de longues années, eux qui n’ont pas voulu donner au peuple une éducation assez élevée pour le mettre à même de juger un peu plus sainement de certaines choses. Instruction gratuite et obligatoire, et tout ceci disparaitra pour faire place à la seule fraternité qui doit un jour devenir la vraie religion pour tous les hommes. C’est notre pierre d’attente, à nous, qui aimons notre patrie, à nous qui voulons constamment avancer. Et nous la voulons, cette sainte religion, même pour ceux qui toujours travaillent, sans s’en douter, à reculer les limites de la civilisation.
Apprenons-leur donc à ces hommes que le Christ, dans le peu de temps qu’il a vécu, n’a cessé un seul moment de prêcher cette religion de la fraternité, dont les principes sont et demeurent immortels comme lui. » Signé X
Article extrait du périodique « Le glaneur », journal du département d’Eure et Loir, en date du dimanche 25 mars 1849, n° 24, 20ème année, page 95. « Le glaneur » paraissait deux fois par semaine, le jeudi et le dimanche. On s’abonnait à Chartres, rue du Vieux-Marché-Au-Blé, n° 16, près des Halles. Archives départementales d’Eure et Loir.
Michel GUESNET