Les mares communales

Sur notre territoire il existe encore sept mares communales, trois sur le bourg de Saint Aubin des Bois, trois au hameau de Chazay et une au hameau de Grognault.

Si ces mares ont perdu au fil du temps leur rôle premier qui était d’un intérêt économique certain : eau d’utilisation domestique, lutte contre les incendies, abreuvoir pour les animaux domestiques et la faune sauvage, élevage des canards, lavage du linge, arrosage des jardins, et même quelquefois pour la cuisson des aliments, etc … elles n’en conservent pas moins de nos jours leur rôle écologique et social.

En effet, la mare est un milieu très complexe favorisant un écosystème en équilibre ainsi qu’une biodiversité qu’il est utile de conserver pour notre environnement ; qui dit point d’eau dit milieu de vie pour nombre d’espèces animales mais aussi pour les espèces végétales caractéristiques des milieux humides.

N’oublions pas le rôle social de la mare, lieu de rencontre, de loisirs et de détente avec la pêche, et aussi rôle paysager important, sans oublier malheureusement les possibilités tragiques de noyades accidentelles ou suicides.

Mais c’est aussi un milieu fragile qui peut disparaître naturellement : par manque d’entretien, la vase finit par accélérer le comblement de la mare, les espèces végétales l’envahissent quand ce ne sont pas les gravats.

On peut considérer que les mares font partie du patrimoine communal au même titre que certains bâtiments et c’est pour cela qu’elles nécessitent toute notre attention. Depuis plusieurs années certaines de nos mares communales ont fait l’objet de curage, d’aménagements, de plantations, ou d’enrochements, ceux-ci pas toujours satisfaisants.


Voyons maintenant quelles sont les spécificités de nos mares communales, complétées de quelques anecdotes :

– Sur le bourg de Saint-Aubin des Bois :

Sur le bourg de Saint Aubin, nous avons trois mares, situées toutes les trois rue du château d’eau :

  • La mare Cervelle :

La mare Cervelle est située près de l’ancien château d’eau, route de Bailleau l’Evêque ; une des explications quant à son nom serait qu’elle tient celui-ci des animaux sauvages qui venaient s’y désaltérer et plus particulièrement les cerfs. Cette mare étant à l’écart des dernières maisons du village apparaît effectivement comme un milieu plus tranquille pour les animaux.

Sur le tableau d’assemblage (cadastre) terminé le 20 août 1809 et conservé en mairie, on note le champtier de Cervelle dans le secteur. Donc qui a donné son nom à l’autre ? Son emprise cadastrale est de 1 369 m², section ZN 38.

Un précédent curage demandé en 1976, allié avec la plantation de quelques arbres, n’a pu être envisagé par l’invocation de raisons financières. Par contre le conseil municipal décida de niveler les abords et de se débarrasser des dalles en ciment qui en encombraient les alentours.

Un curage a quand même été fait, après étude du conseil municipal, entre le 1er et le 6 septembre 1984. On y aurait retiré près d’une soixantaine de remorques de vase déversées sur un terrain propriété de Mme Durand Marie en haut du chemin des Vignes qui mène en forêt ! Un nouvel entretien de cette mare a été envisagé au cours de ces dernières années.

Un aménagement complémentaire a été réalisé fin 2020 par la plantation de quelques arbres supplémentaires.

  • La mare Neuve :

La mare Neuve située le long du chemin rural dit « du Chêne », à proximité de l’intersection avec la rue Marceau, anciennement près de la ferme Leroy (aujourd’hui ferme Gauthier), emprise cadastrale de 450 m², section B 67, a bénéficié d’un enrochement, repris une deuxième fois car non satisfaisant, sur les deux tiers environ de son pourtour pour protéger le chemin, dans les années 2003/2004. Dans les registres du Conseil Municipal elle est quelquefois annotée « proche de chez M. Thireau » ou appelée encore de nos jours « la mare à Thireau »..

Reprofilage des berges lors des travaux de la rue du Château d’Eau à partir du 21 novembre 2022. Disparition de l’aubépine!

  • La troisième mare de Saint-Aubin des Bois :

La mare située au carrefour de la rue de la mairie et de la rue du Château d’Eau, a aussi été aménagée avec une partie en enrochement pour protéger la maison proche et la route. Emprise cadastrale 625 m², section B 44 . Elle a vu sa surface sillonnée par de nombreux cols verts nourris par des voisins bienveillants.

Cette mare a vu son environnement amélioré lors de la réfection de la rue du Château d’Eau à partir du 21 novembre 2022. Agrandissement et nouvelles plantations vers la limite du lotissement proche.

– Sur le hameau de Chazay : trois mares communales :
  • La première mare :

La première sur la gauche, face au numéro 14 rue Jean Moulin, emprise cadastrale 710 m², section F 108, a été creusée en même temps que la construction de l’ancienne école de filles contigüe, en 1884, constituant ainsi une réserve d’eau en cas d’incendie. Les plans et devis ont été dressés par M. LELOUP, architecte, et la dépense était estimée à l’époque à 1 928,45 F.

En 1974 il est demandé aux pompiers de faire baisser le niveau de la mare car l’eau devait certainement monter dans le sous-sol de l’ancienne école fermée en 1965. En 1984 il est même envisagé de la combler ! Son réaménagement paysager a été réalisé par Roger LEMONNIER, paysagiste demeurant sur place.

  • La deuxième mare :

La mare située au centre du hameau, précédée d’une pompe à eau, a été curée et les abords ont été enrochés au cours du mois d’octobre 2005 sur tout le pourtour afin de lutter contre l’effritement de ses rives. Outre que cette solution est de nature à fixer la mare dans ses limites, l’absence de rive enherbée ne permet plus le développement d’un écosystème en équilibre bien utile pour la qualité de l’eau. Emprise cadastrale 825 m², section F 114.

Les employés communaux avaient vidé l’eau pendant près de deux jours tout en récupérant les poissons dont un brochet de belle taille. Parmi les objets découverts, entre autres, on peut citer une bicyclette, un poste de radio, un sac à main vide et des jardinières. La vase a été épandue dans un champ du hameau de Grognault.

A noter cette anecdote : au retour d’un repas de la Sainte Barbe à la salle communale de Saint-Aubin des Bois, un convive qui regagnait son domicile et qui avait certainement abusé de la dive bouteille sans modération termina en voiture au milieu de cette mare après avoir raté le virage ! Les phares de la voiture encore allumés sous l’eau attirèrent l’attention d’un habitant de Chazay qui retournait chez lui. Il prévint aussitôt les pompiers et c’est ainsi que le conducteur a été sauvé par ceux-ci alors qu’il tambourinait sur la vitre arrière de sa voiture presque immergée pour attirer l’attention. Un pompier en perdit même ses lunettes au cours du sauvetage, son embarcation de fortune ayant chaviré!

  • La troisième mare :

La mare de la rue de la vallée, quant à elle, ne demande aucun aménagement particulier dans son état actuel. C’est ce lieu qui avait été choisi depuis 1996 pour la mise en place du concours de pêche à la truite organisé par le Comité de Protection de la Nature. Emprise cadastrale 1 405 m², section F 79. Elle comportait autrefois un lavoir.


– Sur le hameau de Grognault :
  • La mare au milieu du hameau :

Sur le hameau de Grognault, la mare a été réaménagée en 2003 / 2004 pour protéger la rue Saint Ambroise. L’enrochement et l’aspect paysager donnent à cette mare un air accueillant. Emprise cadastrale 1 040 m², section H 34. Un projet d’agrandissement et d’approfondissement, réclamé par les habitants, a été discuté et accepté en 1894 sous prétexte que cette mare était la seule qui existait sur le hameau et qu’il convenait de pouvoir y amasser la plus grande quantité d’eau possible.

Pendant la dernière guerre, quelques habitants de Flonville – Grognault s’y seraient débarrassés de leurs fusils mais rien a été retrouvé lors du curage de la mare. Que sont devenues ces armes ?


– Les mares disparues :

Parmi les autres mares qui ont disparu de nos jours pour diverses causes mais dont l’existence est attestée par des écrits, des photos ou des cartes postales, nous citerons :

La mare du Chêne : Le 11 mars 1894, le conseil municipal décide, vu les nécessités depuis longtemps constatées et qui se font de jour en jour vivement sentir, d’établir une mare communale dans le village de Saint-Aubin des Bois, lieu-dit « Le Chêne », destinée à alimenter les bestiaux qui sont très nombreux dans cette partie et à recevoir les eaux des terrains environnants et surtout celles du coteau de la forêt. L’acquisition du terrain de 8 ares nécessaire à l’établissement de ladite mare se fera auprès de Mme Veuve Ménager née Bellier Henriette Joséphine Placidie, rentière à Mainvilliers. Les plans et devis ont été dressés le 2 mars par M. Henry Jules, maçon en cette commune. Cette mare fut supprimée en 1972. Rebouchée, elle deviendra la place de Saint-Aubin des Bois, telle que nous la connaissons aujourd’hui, aménagée en parking en 2005.

La mare du cimetière : Elle se trouvait dans le virage devant l’église à l’emplacement actuel de la pelouse plantée de tilleuls. Un projet d’agrandissement datait de 1894. Elle a été rebouchée après qu’un terrible accident s’y déroula : pendant la guerre de 1914-1918, deux enfants, le frère et la sœur, âgés de 10 et 5 ans, s’y noyèrent le 6 avril 1916. Il s’agit de Henri Valéry Joseph FRÉMY, né à Yzel lès Equerchin (Pas de Calais) le 23 septembre 1906, fils de Valéry Frémy, mineur (de fond), dont la résidence est inconnue, et de Catherine Sanche, son épouse, demeurant à Saint-Aubin des Bois, et de sa sœur, Marie Céline Pauline FRÉMY, née le 15 août 1911. Ils sont déclarés décédés sur la place de l’église (registre d’état civil de la commune). Ils ont été inhumés dans le cimetière.

La mare Noire :A l’entrée de Grognault, la mare Noire, ainsi appelée à cause des déjections des animaux venant s’y abreuver. Elle a été bouchée et l’emplacement est actuellement aménagé en pelouse et busé pour le fossé.

La mare de l’Emprunt : Au Petit Chêne, la mare, non répertoriée à son emplacement actuel sur le cadastre, située à droite entre la déchetterie et le petit pont de la ligne de chemin de fer, le long du chemin qui mène à La Moricerie, serait-elle la mare de l’Emprunt creusée pour « emprunter » la terre dont on s’est servi pour l’installation de la ligne SNCF ?

La mare du Vivier :La mare du Vivier, entre Grognault et la chapelle Saint Ambroise, a défrayé la chronique il y a quelques années : un habitant de Flonville ayant déclaré qu’il y avait une bombe d’environ 50 kg entreposée en cet endroit, depuis la fin la guerre; la mare fut inspectée en 2006 pour vérifier ses dires mais aucune trace de cette bombe n’a été détectée par les appareils de recherche.

Les autres mares disparues :En plus des quelques mares encore visibles sur des propriétés de particuliers, souvent d’anciennes fermes, il faut signaler, parmi les mares qui ont disparu du paysage, la mare aux cochons, la mare de la Porcherie, située sur le chemin par où transitaient les cochons livrés à l’abattoir de Chartres, la mare de la Tourloupe (la tourloupe est un tissu de mauvaise qualité), la mare Voisin sur le chemin du Fossé Plat, la mare aux Chats, sur la parcelle longeant la rue du Château d’Eau face à ce qui était la ferme de Marcel MAURENARD, supprimée en 1955, la mare des Gaziers, la mare carrée, le Vivier, le long du chemin rural dit « du vivier » qui longe le terrain des sports.

Michel GUESNET

La chapelle Saint Ambroise

La chapelle, telle qu’elle nous apparaît actuellement, est dédiée à Saint Ambroise; celui-ci est représenté sur un vitrail de l’église de la commune avec une ruche à ses pieds car on disait de cet évêque, qui parlait avec douceur, que « sa parole était comme du miel ».

Le diacre Paulin, qui fut son secrétaire et biographe, raconte que « pendant qu’il était au berceau, un jour qu’il dormait la bouche ouverte dans la cour du palais, un essaim d’abeilles vint voltiger autour de lui et environner son visage. Elle entraient dans sa bouche et en sortaient les unes après les autres, comme si elles eussent voulu y travailler leur miel. Une servante, chargée de sa nourriture, voulut les chasser de peur qu’elles ne lui fissent du mal; mais son père, qui regardait cet évènement comme un signe mystérieux, l’empêcha de le faire. Enfin ces abeilles prirent leur envol et s’élevèrent dans le ciel si haut que l’œil humain ne fut plus capable de les distinguer. Ce qui fit dire à son père que cet enfant serait un jour quelque chose de grand si Dieu lui conservait la vie ».

Saint Ambroise était le troisième enfant d’une famille dont le père était un seigneur romain préfet du prétoire des Gaules.

Sur la « carte de Cassini », la plus ancienne des cartes du royaume de France à l’échelle topographique (1/86400e), dressée à l’initiative du roi Louis XV, nous trouvons déjà le lieu sous le nom d’ « oratoire Saint Ambroise ». Les relevés commencés vers 1760 s’achèveront en 1789.

Cette chapelle a une histoire particulière : la tradition orale voudrait qu’après la destruction du premier édifice qui menaçait ruine, (en effet à cette époque la chapelle était en triste état, il ne restait plus qu’un pan de mur), par le propriétaire du terrain, celui-ci tomba gravement malade. Les récits divergent sur la forme prise par cette maladie, peut être en relation avec l’invocation du saint pour les éruptions dites « feu de Saint Ambroise ».

Faisant sans doute le rapprochement qui s’imposait entre ces deux évènements particuliers, cette personne décida, en 1849, de reconstruire cette petite chapelle en entier, et peut être plus importante en volume. Et sa guérison intervint…… Miraculeusement !

Un journaliste du périodique départemental « Le Glaneur d’Eure-et-Loir » (journal créé en 1830) écrivait le dimanche 25 mars 1849 : « On a reproché à l’ancienne (chapelle) d’être un lieu d’obscénité plutôt qu’un lieu de dévotion, et ce n’était qu’un pan de mur ! Que sera celle-ci, qui va présenter une petite maisonnette assez semblable à celle de Socrate et où l’on sera à couvert ? Ne servira-t-elle pas aussi de repaire aux brigands qui, à l’aide du pouvoir surnaturel que l’on va attribuer à ce bâtiment et, étant auprès du chemin de fer, pourront venir arrêter les wagons ? »

Une quête fut organisée dans la commune pour sa reconstruction, mais c’est cet habitant de Saint-Luperce (commune qui jouxte Saint-Aubin des Bois) qui la fit réédifier, pour une grande partie, à ses frais.

Au cours de son histoire, la chapelle a voisiné avec la décharge communale qui étendait son domaine sur trois de ses côtés, laissant la façade libre d’accès, façade encadrée par deux magnifiques pins sylvestres. Puis cette décharge fut recouverte de terre et rendue à la culture. A l’origine, le trou avait été ouvert pour les travaux de la ligne de chemin de fer (zone riche en silex). Le premier tracé de la ligne SNCF mis à la connaissance de la commune date de 1847 et le tronçon Chartres – La Loupe a été mis en service en 1852.

La chapelle a été restaurée au cours de l’année 2005 afin de consolider l’édifice, le crépi intérieur a été refait entièrement ainsi que quelques tuiles de la couverture reposées. C’est M. CHAUVEAU, maçon à Ollé, qui a réalisé ces travaux.

Le mobilier se compose désormais d’un nouvel autel, en remplacement de l’ancien, en partie vermoulu, autel généreusement conçu et offert par un habitant de la commune, M. PETIT Gilles.

Une statuette en bois représentant « Saint Ambroise », oeuvre de Mr RIOTON de Chartres garnit désormais la niche aménagée à l’intérieur au-dessus de l’autel.

En 1974, la conception et la réalisation de la nouvelle porte d’entrée ont été l’œuvre de M. LE BELLER, menuisier ébéniste de la commune.

Après les travaux, tout a été remis en place le mercredi 7 décembre 2005 (jour de la saint Ambroise !)

Ainsi refaite, la chapelle sera bénie par le prêtre du secteur, le père LEGRAND, le samedi le plus proche de la saint Aubin (1er mars 2006) soit le samedi 11 mars après la messe du soir, date préférée au samedi le plus proche du 7 décembre 2005 (la Saint Ambroise) à cause d’un emploi du temps chargé du prêtre, cérémonie à laquelle ont assisté M. DURAND, maire de la commune, Joël PESCHEUR et Patrice COURROUX, employés communaux, M. et Mme PETIT, M. RIOTON, M. GUESNET Michel, conseiller municipal, et plusieurs autres habitants.(Si vous possédez d’autres renseignements sur cette chapelle, pensez à nous en faire part en mairie, notamment le nom de cet habitant de Saint Luperce qui a fait reconstruire cette chapelle. Merci par avance).

Article du journal « le glaneur » :

« Lecteur bénévole, vous souvient-il avoir ouï parler de la chapelle dite de Saint Ambroise, située sur la route de Chartres à Courville? Vous souvient-il aussi que l’on vous a dit qu’elle était abattue? Si ceci ne s’est point échappé de votre mémoire, vous vous rappellerez aussi que l’on vous a dit en même temps que l’on allait se cotiser dans la commune de Saint Aubin des Bois pour la réédifier. Eh bien, voilà que tout se réalise, avec cette différence seulement que c’est un tout petit citoyen de la commune de Saint Luperce qui la fait reconstruire à ses frais, sauf une quête ultérieure et à domicile.

Ne soyez pas étonné, cher lecteur, de voir se perpétuer dans la religion du Christ des superstitions d’une nature assez bizarre; car, si celui qui élève ladite chapelle n’en voit pas plus long, c’est que chez lui la nature est bien coupable. Pourquoi ne l’a-t-elle pas doté de deux yeux comme tous les hommes en général?

L’un avance en besogne, le temps presse, l’époque du pèlerinage approche, et il faut profiter de l’aubaine; car sachez une fois pour toutes, ami lecteur, que le tronc qui doit recevoir les offrandes est déjà placé, et c’est là le plus important de l’affaire, vous savez. A cet égard, le saint, qui est encore on ne sait où, a déjà fait un miracle; le tronc est, dit-on, plein de … cailloux. Au Jeudi Saint le grand coup : accourez pèlerins et pèlerines voir le miracle qui s’y fera ce jour-là pour l’ouverture! Songez comme cela donnera du relief à la sainte chapelle!

On a reproché à l’ancienne d’être un lieu d’obscénités plutôt qu’un lieu de dévotion, et ce n’était qu’un pan de mur! Que sera donc celle-ci, qui va représenter une petite maisonnette, assez semblable à celle de Socrate et où l’on sera à couvert? Ne servira-t-elle pas aussi de repaire aux brigands; qui, à l’aide du pouvoir surnaturel que l’on va attribuer à ce bâtiment, et étant auprès du chemin de fer, pourront venir arrêter les wagons? Toute réflexion faite, ceci est de la calomnie, car sans doute le cas n’aura pas été prévu du temps où vivait Ambroise, saint évêque, qui se doute bien peu de là-haut de ce que l’on fait ici-bas. Nous pouvons donc nous rassurer à cet égard.

Le clergé viendra-t-il bénir ce petit monument? Nous ne le croyons guère, s’il veut être conséquent avec ce qu’il enseigne; car l’Eglise condamne la superstition, qu’elle considère comme un énorme péché, et elle sait faire une grande, une énorme distinction, entre le saint et le pouvoir que le vulgaire lui prête, à moins pourtant qu’elle ne voie dans cette circonstance et d’autres semblables un moyen de bâillonner encore pour quelque temps les citoyens qui, eux-mêmes, auront fourni des verges pour se faire fouetter. Heureux encore si l’on pouvait faire une distinction entre les personnes qui raisonnent et celles qui déraisonnent; mais, par malheur, il faut que le clairvoyant saute avec le borgne.

Il y a malheureusement encore beaucoup de gens superstitieux, et ceci est à la honte des gouvernements qui se sont succédé depuis de longues années, eux qui n’ont pas voulu donner au peuple une éducation assez élevée pour le mettre à même de juger un peu plus sainement de certaines choses. Instruction gratuite et obligatoire, et tout ceci disparaitra pour faire place à la seule fraternité qui doit un jour devenir la vraie religion pour tous les hommes. C’est notre pierre d’attente, à nous, qui aimons notre patrie, à nous qui voulons constamment avancer. Et nous la voulons, cette sainte religion, même pour ceux qui toujours travaillent, sans s’en douter, à reculer les limites de la civilisation.

Apprenons-leur donc à ces hommes que le Christ, dans le peu de temps qu’il a vécu, n’a cessé un seul moment de prêcher cette religion de la fraternité, dont les principes sont et demeurent immortels comme lui. » Signé X

Article extrait du périodique « Le glaneur », journal du département d’Eure et Loir, en date du dimanche 25 mars 1849, n° 24, 20ème année, page 95. « Le glaneur » paraissait deux fois par semaine, le jeudi et le dimanche. On s’abonnait à Chartres, rue du Vieux-Marché-Au-Blé, n° 16, près des Halles. Archives départementales d’Eure et Loir.

Michel GUESNET